L’Encyclopédie, dans son article sur la “Traite des nègres”, condamne la traite. Les philosophes des Lumières dénoncent le système esclavagiste qui permet à la plupart des pays européens de s'enrichir par la traite d'autres êtres humains.
Article Traite des nègres* du Chevalier de Jaucourt publié dans L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.
L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est un immense dictionnaire voulant rassembler toutes les connaissances de son époque. Elle a été publiée de 1751 à 1772 sous la direction de deux intellectuels français défenseurs des droits de l’Homme : Diderot et D’Alembert.
« Traite des nègres (Commerce d'Afrique). C'est l'achat des nègres que font les Européens sur les côtes d'Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en tant qu'esclaves. Cet achat de nègres est un commerce qui viole la religion, la morale, et tous les droits de la nature humaine […]. C’est un commerce qui ne peut être justifié par aucune règle de morale car les rois, les princes, les magistrats ne sont pas les propriétaires de leurs sujets, ils n’ont donc pas le droit de disposer de leur liberté, et de les vendre pour devenir des esclaves.
D'un autre côté, aucun homme n'a droit de les acheter ou de s'en rendre le maître ; les hommes et leur liberté ne sont pas un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix.
Il n’y a donc pas un seul de ces infortunés qui n’ait droit d’être déclaré libre, puisqu’il n’a jamais perdu la liberté et que personne dans le monde n’avait le pouvoir d’en disposer »
* Aujourd’hui, le mot « nègre » est péjoratif (dévalorisant et insultant). Au XVIIIe siècle, il était utilisé pour désigner les noirs.
1. Le premier paragraphe est-il seulement une définition de la « traite des nègres » ? .
Le premier paragraphe s’apparente par sa forme à une définition encyclopédique, mais si l’on regarde les mots de plus près, on se rend compte qu’ils sont connotés et comportent l’amorce d’une dénonciation : « ces
», « le réduire », « viole », « ne peut être
», «aucun homme n'a
»…
2. Sur quelle idée principale l’argumentation est-elle fondée ? .
L’argumentation du texte est fondée sur l’idée de l’
de l’esclavage qui est exprimée à la fin du premier paragraphe : « un négoce qui viole la
, la
, les lois naturelles, et tous les
de la nature humaine ».
3. Relevez tous les arguments contre l’esclavage qui découlent de cette idée principale. .
Les arguments sont les suivants : si on
l’esclavage, alors tous les crimes devraient être permis ; les hommes sont
libres et c'est un ; donc les hommes et leur liberté ne peuvent être
.
4. Observez les connecteurs logiques et montrez qu’ils soulignent la rigueur de la démonstration. .
Les deux premiers arguments sont liés par un connecteur d’addition («
»). Le troisième paragraphe, dans lequel l’auteur déduit les conséquences des deux arguments, porte la marque de la démonstration en reliant les déclarations et leurs conséquences («
»).